….Carnet de voyage ….

 

Alain Le Hérissé

 

 

ORTO BOTANICO DI PADOVA

 

Le Jardin Botanique de Padoue et une autre manière de regarder le monde des plantes.

 

Le jardin botanique de Padoue situé en Italie du Nord à 45 Kms de Venise, a été créé en 1545, pour l’Université de Padoue qui date de1222. Il est à l’origine de tous les jardins botaniques du monde. Il a apporté au fil des siècles une contribution fondamentale au développement de différentes disciplines scientifiques et de pensée, et il est classé au patrimoine mondial de l’Unesco

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Jardin des Simples sur une gravure ancienne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A l'entrée du jardin..

photo A. Le Hérissé

 

Il a conservé son plan d’origine, un jardin clos circulaire (symbole de la terre), entouré d’un ruban d’eau (symbole de l’océan), et il est resté à son emplacement dans le centre ville, même si différents aménagements lui ont été apportés au cours des siècles : en 1704, on installa les portails en fer forgé donnant dans les cercles intérieurs et les quatre acrotères sur chacun des huit piliers, surmontés par quatre paires de plantes en fer forgé (Fritillatia , Ananas , Lilium et Yucca cf. photo), et  récemment de nouvelles serres de plus de12000 m2  font rêver plus d’un botaniste…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Serres du XVIII-XIXème siècle

photo A. Le Hérissé

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Serres modernes

photo A. Le Hérissé

 

Le jardin, de dimensions modestes, 22000 m², était un herbarium à l’origine. Proche de Venise qui pratiquait de nombreux échanges commerciaux, le jardin a introduit de nombreuses espèces exotiques. Très géométrique, Il est divisé en quatre quadrants par des allées orthogonales les unes aux autres, orientées en fonction des quatre points cardinaux, et renferme aujourd’hui plus de 6000 espèces.

 Les plantes sont classées par thèmes, par collections ou par genres : plantes  médicinales et utilitaires, plantes de différents milieux écologiques : tourbières, plantes alpines …,  ou  collections de plantes aquatiques, carnivores, succulentes ou vénéneuses, et les différentes espèces de mêmes genres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Euryhale ferox

photo A. Le Hérissé

 

Parmi les très vieux arbres il faut signaler un Gingko biloba planté en 1750, un Magnolia grandiflora planté en 1786, et un Platanus orientalis planté en 1680. Remarque au passage,  nous avons aussi en France aussi de très vieux arbres dont un Platanus orientalis de plus de 400 ans et 3,3 m de diamètre signalé  à Saint-Cyr-en-Arthies (95).et un Chamaerops humilis aussi appelé « Palmier de Goethe », planté en 1585.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La serre du Palmier de Goethe

photo A. Le Hérissé

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A l'intérieur : le palmier de Goethe.

photo A. Le Hérissé

 

 

Pourquoi le « Palmier de Goethe » ?

 

Johann Wolgang von Goethe (1749-1832) poète, romancier, dramaturge, théoricien de l’art et homme d’état allemand, a également été passionné par les sciences, notamment l’optique, la géologie et la botanique. Il séjournera deux ans en Italie entre 1786 et 1788, et c’est à cette occasion qu’il visitera le Jardin Botanique de Padoue. Notre palmier « nain », Chamaerops humilis, maintenant plus de 15 m de haut, attira son attention: il remarqua une série presque continue dans la variété des feuilles et leur arrangement, simples et lancéolées près du sol, s’élargissant et se divisant de plus en plus vers le sommet. Ces observations et sa contemplation du monde végétal et de sa diversité en général, lui inspireront un essai sur la métamorphose des plantes (1790). C’est la plus grande contribution reconnue de Goethe aux sciences naturelles, avec sa découverte de l’os intermaxillaire chez l’homme.

 

Une autre manière de regarder le monde des plantes

 

Le terme  métamorphose évoque une transformation au cours du temps, comme la transformation de la chenille en papillon. Mais Goethe lui donne un sens plus général, ne retenant que la notion de transformation, postulant une unité entre tous les organes de la plante qui deviennent un organe type. En recherchant sa « plante primordiale », ou archétype de la plante, Il devient convaincu non seulement de l’unité fondamentale des plantes mais aussi de leurs organes. Cette idée de métamorphose, point culminant dans la science morphologique de Goethe a initié un nouveau principe d’appréhension du vivant. Il n’est plus fondé sur une conception générique, statique et classificatrice du monde végétal, comme dans la classification de Linné, mais sur une visualisation des phénomènes dans leur continuité.  Il est vrai que la systématique nous indique l’ordonnancement du règne végétal mais ne l’explique pas. Goethe a ouvert des pistes, notamment celles de l’approche génétique moderne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Platanus orientalis 1680.

photo A. Le Hérissé

 

 

Le jardin botanique abrite également deux importantes collections : une bibliothèque contient plus de 50 000 volumes et manuscrits d'un immense intérêt historique et bibliographique et un  herbarium qui est le second d'Italie.

 

 

Données géographiques et climatiques du Jardin Botanique de Padoue: Altitude 12 m au dessus du niveau de la mer, Longitude Est 11° 54’54’’, Latitude Nord 45°24’00’’, maximum de température 40,2°C, minimales -11,6°C, 887 mm de précipitations

 

Goethe de, J.W., 1829. Essai sur la métamorphose des plantes. Genève, Edition Barbezat et Compagnie, 1-85.

 

Kranich, E-M, 2010. La plante primordiale de Goethe et le règne végétal : des lichens aux plantes supérieures, Triades 2010 , 1-29.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Styrax officinalis : fruits.

photo A. Le Hérissé