Les Ericacées, une histoire de l'Evolution

Patrick Bellec

 

      Les Ericacées forment vaste famille, riche en diversité par un grand nombre de genres et d’espèces. Les rhododendrons notamment, familiers de nos jardins bretons y sont rattachés.

           D’où viennent les Ericacées ?

           Leur ancêtres apparurent au début du Crétacé, il y a 120 millions d’années avec le développement des Angiospermes (ou plantes à fleurs). Ces derniers proviennent de l’évolution d’une partie des Gymnospermes (Les conifères principalement) qui en différents points de la planète et grâce à des conditions favorables virent leur structures reproductrice (les cônes), se modifier. On retrouve ces caractères primitifs chez des plantes telles que les Magnolias, les Nympheas, et chez des Proteacées où les éléments centraux des fleurs et leur fructification conservent des aspects similaires aux cônes des conifères.

           La pollinisation croisée grâce à l’évolution simultanée des pollinisateurs (insectes principalement) et des plantes à fleurs, a permis à ces dernières de développer leur structure florale. Les sépales rarement colorés, ou les bractées plus ou moins colorées qui ont une fonction principalement protectrice, forment le calice. Les pétales colorés et attractifs forment la corolle qui abritent les éléments reproductifs de la fleur.

           Tout au long de leur longue évolution et à l’occasion de chaque adaptation, les familles se séparèrent, puis les genres se différencièrent, pour donner progressivement les espèces que nous connaissons actuellement. Quand les conditions le permettent ou pour tout simplement survivre les plantes d’adaptent et évoluent. Sous nos yeux, mais à une autre échelle du temps dans chaque espèce des différenciations apparaissent qui nous donneront de nouvelles espèces et des nouveaux genres dans un futur plus ou moins lointain. Les sous espèces ou formes, les sous familles aboutiront progressivement à des espèces ou à des familles distinctes. L’évolution du vivant est en action en permanence.            

           Après ce voyage dans le temps revenons aux Ericacées. Ces dernières sont rattachées botaniquement au sur-ordre des « Dilleniidae », qui comporte une douzaine d’ordres dont les « Théales » (avec la famille des Théacées et le genre Camellia notamment), et l’ordre qui nous intéresse plus particulièrement : les « Ericales ». Dans les Ericales nous retrouvons sept familles aux caractères proches avec les Ericacées, les Clethracées, les Grubbiacées, les Cyrillacées, les Empetracées, les Pyrolacées et les Epacridacées.

             Cette dernière famille (avec 30 genres et 400 espèces environ) est spécifique à l’hémisphère sud, Australie, Nouvelle Zélande, avec des genres et des espèces très similaires aux bruyères pour leur floraison tels les Epacris, les Richea. Cependant, récemment les grands jardins ou instituts botaniques tels que Kew, Londres, Edimbourg, et St Louis (Missouri Botanical Gardens, aux USA), qui possèdent d’importants moyens en laboratoires moléculaires, travaillent sur les classements botaniques. Des rectifications ou des modifications de genres ou de classements apparaissent régulièrement qui alimentent nombre de débats au cœur du monde des botanistes. Une des dernières, supprime les Epacridacées en tant que famille et la reclasse en sous famille des Ericacées : les Epacridaea. D’autres modifications sont à venir au fur et à mesure que les études ADN sur les espèces et les genres progressent.

             Pour les Pyrolacées (avec 4 genres et 30 espèces environs) c’est l’inverse avec une distribution essentiellement sur l’hémisphère nord, Europe, Amérique du Nord, Asie, avec des espèces qui sont principalement des herbacées ou des arbrisseaux tels que les Pyrola, les Chimaphila.

             Les Ericacées sont la famille la plus importante de l’ordre des Ericales avec une centaine de genres, qui nous donnent au final plus de 3000 espèces. Cette richesse et cette diversité se confirment dans la répartition des Ericacées, que l’on retrouve sur l’ensemble de la planète. Plusieurs genres comportent de fortes concentrations d’espèces tels que les Rhododendrons dans l’arc himalayen avec plus de 700 espèces présentes sur les 1200 que compte le genre, et un autre point de concentration avec la Nouvelle Guinée où l’on répertorie plus de 300 espèces. Un autre genre qui comporte une forte concentration d’espèces, les Ericas qui dans le sud de l’Afrique concentre 657 espèces sur les 740 espèces que compte le genre.

 

         Les caractères principaux pour les Ericacées sont les suivants :

Elles affectionnent particulièrement les sols acides.

La plupart des membres de la famille sont des arbustes, plus rarement des arbres, des herbacées, ou des grimpantes.

Leur feuillage est toujours simple, généralement alterne, et quasiment pour l’ensemble des espèces persistant, avec des adaptations foliaires pour lutter contre la sécheresse pour un certain nombre d’entre elles.

Les inflorescences sont très variables, en racèmes, en ombelles, en grappes ou en solitaires.

Les fruits sont soit en capsules, soit en baies.

Les graines fréquemment très fines, possèdent un albumen charnu, et un embryon droit.