LES MAGNOLIAS

 

Compte-rendu de la conférence du 18 fév. 2006 de Raymond Grall,

par Maryse Le Hérissé

 

 

Les magnolias peuvent être présentés comme les arbres à fleurs les plus remarquables. Ce nom leur a été attribué par Plumier en 1690 en hommage à Pierre Magnol, botaniste du célèbre jardin de Montpellier.

Magnolia Star Wars dans le jardin du Conservatoire botanique de Brest.

photo M. Le Hérissé

 

Historique

 

Présent déjà à la fin de l’époque crétacée, il y a 60 millions d’années le Magnolia couvrait toute l’Europe, il subsiste encore malgré la dernière glaciation du Quaternaire qui détruisit la flore de beaucoup de régions de l’hémisphère Nord. Actuellement, il se répartit sur les continents asiatiques : Chine, Corée, Japon, Inde et Indonésie, et américain nord et sud.

Il est curieux de remarquer que leur évolution s’est développée de manière parallèle sur chaque continent : on retrouve des espèces à persistantes en Chine : M. delavayi et en Amérique : M. grandiflora, et des espèces à grandes feuilles en Chine : M. rostrata, M. officinalis, et en Amérique : M. macrophylla.

 

La réintroduction se fait en Europe avec les espèces américaines : en 1668 avec l’espèce glauca (= virginiana), M. grandiflora arrive en 1711 introduit à Nantes en profitant du commerce du »bois d’ébène » qui florissait tristement dans cette ville à l’époque. Il faut attendre 1793 pour l’arrivée en France de l’espèce de M. macrophylla introduite par Michaux. Entre temps, les espèces acuminata, frazeri et tripetala ont séduit les jardins anglais.

Les espèces asiatiques font leur entrée en Europe à partir de 1788, à Kew avec les espèces liliiflora et conspicua. L’hybridation commence alors avec les travaux de Solange-Bodin. Au milieu du XIXè, ce sont 4 espèces japonaises qui sont introduites : stellata, kobus, parviflora et saliciflora. Le matériel des hybrideurs est alors « presque au complet ». L’engouement de cette plante pour les jardins se développa avec l’explosion des espèces chinoises et les croisements réalisés qui donnent des fleurs plus elles que les espèces américaines.

 

Classification

 

La classification adoptée ici sera :

·         Espèces persistantes

·         Espèces caduques à -fleurs tournées vers le sol

                              -fleurs tournées vers le ciel.

 

Espèces persistantes

 

·         grandiflora 

Magnolia américain, bien connu pour ses grandes fleurs crème au parfum citronné, il a donné environ une trentaine de cultivars dont : Maryland au parfum de citron-pomme, nannetensis qui fleurit assez rapidement (4-5ans de culture), de même Goliath, à noter Little Gem, petit spécimen très florifère au feuillage pourvu d’un indumentum (feutrage) très dense.

M. grandiflora

photo M. Le Hérissé

 

·         delavayi

Espèce chinoise dont les fleurs blanches très parfumées ne s’ouvrent qu’à la nuit, une variété rougeâtre existe également.

M. delavayi

photo M. Le Hérissé

 

·         nitida

Autre espèce chinoise aux feuilles luisantes (d’où son nom) et aux fleurs crème.

 

Espèces caduques

 

Fleurs tournées vers le sol :

 

·         globosa : forme qui reste arbustive

·      sieboldii : 7 à 9 pétales, espèce japonaise, son croisement avec tripetala donne beaucoup d’hybrides

·         sinensis : forme chinoise de sieboldii

·         wilsonii

Toutes ces espèces ont des fleurs blanches en coupe évasée, parfumées et une couronne d’étamines rouges ou roses plus ou moins soudées à la base entourant le pistil.

Fleurs érigées :

 

·         acuminata : espèce américaine très robuste à fleurs jaunes (mai-juin) qui viennent en même temps que les feuilles, elle a donné plusieurs hybrides : Elisabeth, Butterfly, Yellow Fever, Yellow Bird…

 

·      campbellii : superbe espèce chinoise aux larges fleurs roses en « coupe et soucoupe », la sous-espèce mollicomata est remarquable par sa couleur intense et fleurit après campbellii, les hybrides Betty Jessel et Lanarth (foncé) sont à retenit. Star Wars et Black Tulip sont aussi des hybrides intéressants.

 

·         cylindrica : espèce chinoise qui doit son nom à la forme de son fruit.

 

·       dawsoniana : autre espèce chinoise introduite tôt en France, un bel exemplaire fleurit généreusement au jardin du Conservatoire botanique.

 

·      denudata : forme asiatique à fleurs blanches, très utilisé en hybridation, la forme japonaise produit des fleurs terminales et axillaires (comme chez les Michelia).

 

·         fraserii : forme américaine à grandes feuilles dont la base est en queue de poisson.

 

·     kobus : espèce japonaise et coréenne très utilisée également en hybridation, fleurs blanches très parfumées. Son croisement par stellata donna l’hybride x loebnerii et par salicifolia donna x kewensis.

 

M. x loebneri Merril

photo M. Le Hérissé

 

    liliiflora : robuste de 2m qui se marcotte facilement, la floraison est tardive et abondante. De nombreux hybrides dont le fameux Susan.

 

·        macrophylla : espèce américaine à grandes feuilles , 2 clones : ashei et dealbata

 

M. macrophylla

photo M. Le Hérissé

 

·        obovata (hypoleuca) : autre espèce à grandes feuilles, mais japonaise et des Kouriles. Fleurs en large coupe blanc-rosé, odeur très citronnée. Son hybridation avec sieboldii donna : x wieseneri, extrêmement parfumée.

 

·     officinalis : encore une espèce à grandes feuilles, chinoise, utilisée traditionnellement  pour ses propriétés médicinales.

 

·       salicifolia : espèce japonaise à feuilles allongées, à fleurs blanc pur et au port fastigié. Son bois a une odeur anisée.

 

·    sargentiana : grand arbre chinois, aux fleurs largement ouvertes à 10-12 tépales roses.

 

·    sprengerii : croisement naturel entre campbellii et sargentiana, 2 hybrides célèbres : Diva, Eric Savill , tous les 2 aux larges coupes de couleur rose intense.

 

·       stellata : forme japonaise pour petits jardins, très florifère jusqu’en juin. Le nombre de tépales varie beaucoup selon les hybrides : jusque 32 chez Centennial et même 52 pour chrysanthemumiflora, alors que l’espèce n’en présente que 12.

M. x stellata Encore

photo M. Le Hérissé

 

M. chrysanthemumiflora

photo M. Le Hérissé

 

·         virginiana = glauca : floraison blanche estivale très parfumée, cette espèce possède également des propriétés médicinales identiques à celle de la quinine.

 

·        zenii : espèce venant de l’est de la Chine où il est en difficulté, sa multiplication est encouragée. Fleurs en gobelet, blanches, lavées de rose à la base.

 

 

Culture

 

 

·         sol :

 

Les magnolias s’adaptent à tout type de sol non calcaire, mais ils préfèrent des sols riches, profonds. Ils sont gourmands. Leur pH type est 6-6.5. Leurs besoins en eau sont surtout en mai-juin au moment de la floraison et en août-septembre au moment de leur pousse. Par contre l’eau stagnante à leur pied leur est néfaste et fait pourrir les racines.

 

 

·         climat :

 

Ils nécessitent l’abri du vent surtout froid et desséchant de l’est. Les températures basses ne sont pas un problème : lors de l’hiver 1962-63, en Grande –Bretagne, un froid de -26.1°C a bien détruit M. sieboldii, M. wiesenerii et beaucoup de leurs hybrides, il n’y a eu aucun dommage pour M. stellata , salicifolia, kobus et acuminata, d’autres ont été sérieusement meurtris : M. liliiflora, sargentiana, virginiana, soulangeana et Rustica Rubra. Il faut donc des températures très basses pour voir apparaître des dégâts.

 

Ce qui est pire pour ces plantes, ce sont les gelées tardives qui font geler la sève présente dans l’écorce qui peut éclater, et faire noircir le bois et dépérir la plante.

 

culture en jardin :

 

Le magnolia supporte mal la concurrence (conifères, charmes, bouleaux) et la transplantation, il faut donc bien choisir leur emplacement.

-époque de plantation : en automne ou à la sortie de l’hiver, dès que la coiffe des racines se développe dans le pot.

-sol : bien ameubli en surface et en profondeur. Le trou de plantation doit être triple du volume de la motte qu’il ne faut surtout pas enfouir, mais juste affleurer. Dès la plantation,

Le paillage est indispensable, ceci est d’ailleurs valable pour toutes les plantes de terre de bruyère, afin de réguler l’hygrométrie du sol.

 

-fertilisation : pas d’apport lors de la plantation, puis de manière légère et importante dès la 2ème année, à apporter au début de l’hiver, pour que la plante ait le temps de l’assimiler au courant de l’année suivante avant le froid de l’hiver. Le magnolia apprécie l’engrais organique et pas minéral, il lui faut de préférence du fumier de cheval. Les éléments fertilisants favorisent la production de couleurs vives.

 

-exposition : le soleil est indispensable à la floraison, une ombre légère intensifie les couleurs.

 

-taille : en général, elle est peu utile, et pas nécessaire, mais si besoin est, il la supportera bien, la taille se fait après la floraison, le magnolia refleurira 2 ans après. M. grandiflora se taille en automne.

 

-prévention : peu de parasites, sauf escargots et limaces qui dévorent les jeunes feuilles, la plante étant odorante, lapins et chevreuils apprécient. Les pucerons sont tolérables, ils sont sans danger pour la plante, juste disgracieux sur les caducs dont les feuilles se recroquevillent.

 

Un petit truc anti-puceron : faire macérer des gousses d’ail 24h dans un litre d’eau, puis pulvériser, les pucerons sont détruits et les araignées rouges aussi.

 

M. Atlas

photo M. Le Hérissé