Un nouveau projet soutenu par l'Arche aux Plantes :

 

 

La cryoconservation d'espèces menacées

 

 

Stéphane Buord

 

Directeur scientifique des actions internationales du Conservatoire botanique de Brest

 

Bull 110 Avril 17

 

 

 

 

Au Conservatoire botanique de Brest, les techniques de conservation ex situ permettent de gérer une collection de plantes entières sous forme de pied-mères en serres et au jardin et de conserver, en banque de graines, des semences stockées en congélateurs à -18°C. Or ces deux modes de conservation à long terme ne présentent pas une sécurité optimale pour nombre de taxons menacés dont, par exemple, les graines seraient récalcitrantes ou les effectifs mondiaux extrêmement réduits.

 

 

 Ce constat a conduit le CBNB à rechercher de nouveaux outils et méthodes de conservation pour assurer la pérennité de sa collection et à débuter une première exploration des potentialités de la cryoconservation encore très peu utilisée pour la préservation du patrimoine végétal sauvage. Celle-ci consiste à conserver dans un froid extrême, de l'azote liquide à -196°C, un organisme entier ou un fragment dont on souhaite préserver le potentiel vital et la capacité de régénération des cellules pour un temps indéfini. Soutenue par le fonds de sauvegarde de l'Arche aux Plantes, cette étude a été confiée à Naomi Le Boursicot, stagiaire de l'IUT de Brest, en seconde année de BTS option Génie de l'Environnement, en partenariat avec le laboratoire Vegenov.

 

 

Matériel de cryogénie.

photo CBN

 

Premiers essais en cryogénie

photo CBN

 

 Une première série d'expérimentations a été réalisée sur des méristèmes d'Allium cultivés in vitro. Il s'agissait d'établir un protocole pour placer ces organes en cryoconservation et de tester leur comportement et leur résistance à un froid profond.

 

 

Préparation de culture de Limonium dendroides pour la culture in vitro.

photo CBN

 

Germination de graines de Brassica après cryocongélation dans une solution vitrifiante (PVS2).

photo CBN

 

Diverses substances chimiques adaptées ont été testées dans le but de définir la plus "cryoprotectrice". Sans cet apport, les effets du froid causeraient inévitablement la mort des cellules végétales. Un autre objectif de ce stage consistait à mettre au point une gamme de protocoles pour des graines et des spores d'espèces menacées en s'inspirant des publications sur le sujet et à les tester pour en évaluer la qualité. Pour ces graines, trois protocoles ont été sélectionnés: un premier essai avec une solution vitrifiante (PVS2), un second utilisant un cryoprotecteur (DMSO) et un troisième protocole sans prétraitement.

 

 

Les premiers résultats obtenus sur des graines, des spores et des méristèmes sont encourageants et une partie du matériel végétal testé a parfaitement résisté à leur plongée dans l'azote liquide avant de reprendre leur développement en salle de culture. Bien sûr, nous ne sommes qu'au début de cette nouvelle aventure et de nouvelles expérimentations devraient être conduites ultérieurement avec Vegenov et l'INRA de Ploudaniel en pointe en ce domaine.

 

 

Cuves d'azote liquide à l'INRA de Ploudaniel.

photo M. Le Hérissé